Qui sont les créateurs et créatrices d’entreprise ?

Le rapport d’activité 2024 de BGE Champagne-Ardenne met en lumière un constat essentiel : il n’existe pas de profil type du créateur ou de la créatrice d’entreprise. Les trajectoires sont diverses, les motivations variées et les conditions de passage à l’acte souvent liées à des facteurs personnels, économiques ou sociaux. À la lumière des données nationales du réseau BGE, de la récente étude conjointe BGE – ObSoCo – Crédit Mutuel Alliance Fédérale et des données observées par nos partenaires, analysons nos résultats. La place des femmes dans l’accompagnement En 2024, 55 % des porteur·euse·s accompagné·e·s par BGE Champagne-Ardenne sont des femmes, un chiffre très proche de la moyenne nationale du réseau (56 %). Si, à l’échelle nationale, les femmes représentent environ un tiers des créateurs d’entreprise, les données issues de l’étude BGE – ObSoCo – Crédit Mutuel Alliance Fédérale montrent qu’au sein des personnes accompagnées, elles sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à concrétiser leur projet (33 % contre 25 %). Cela confirme que l’accompagnement joue un rôle déterminant dans la confiance et la structuration du projet entrepreneurial féminin. Mais cela met aussi en lumière des freins persistants : autocensure, manque de confiance en soi, sentiment d’illégitimité, représentation sociale encore masculine de “l’entrepreneur”. Par ailleurs, d’après les Données genrées 2025 de Bpifrance, « le principal frein à l’entrepreneuriat féminin et au développement des entreprises dirigées par des femmes reste le financement ». L’étude BGE – ObSoCo montre également que chez les femmes, la micro-entreprise reste la forme la plus choisie (67 % contre 52 % chez les hommes). Certainement plus prudentes face au risque et souvent freinées par un accès plus difficile au crédit, elles privilégient des projets à taille humaine, souvent en lien avec leurs valeurs : bien-être, éducation, accompagnement, services à la personne, artisanat, coaching. Le baromètre gouvernemental 2025 illustre d’ailleurs cette tendance : neuf femmes sur dix entreprennent pour donner du sens à leur activité. Parcours et profils : des créateurs venus de tous horizons Les chiffres 2024 de BGE Champagne-Ardenne montrent que la moitié du public accompagné possède un diplôme supérieur au bac. Mais surtout, sept personnes sur dix étaient demandeurs d’emploi au moment de leur accompagnement. Ce chiffre met en lumière le rôle de l’entrepreneuriat comme levier de rebond professionnel.Les dispositifs publics d’aide à la création (ARCE, ACRE, CAPE…) et les accompagnements financés par les Régions ou France Travail facilitent ce passage à l’acte. La période d’inactivité devient alors souvent un moment propice à la réflexion et à la réinvention professionnelle, un espace-temps où se poser la question : « et si je créais ma propre activité ? » Par ailleurs, 10 % des personnes accompagnées viennent des quartiers prioritaires de la politique de la ville — preuve que la création d’entreprise reste aussi un outil d’inclusion et de dynamisation locale. Des générations contrastées face à l’entrepreneuriat Les données montrent que : Ces chiffres traduisent une double réalité : Les seniors restent prudents, souvent freinés par la peur du risque ou la proximité de la retraite.Les plus de 50 ans représentent environ un tiers de la population active française, mais seulement un cinquième des créateurs d’entreprise. Ils entreprennent donc moins que leur poids démographique ne le laisserait attendre. Malgré tout, les études de l’INSEE et du Lab Bpifrance montrent qu’en 2012, à peine 16 % des nouveaux entrepreneurs avaient plus de 50 ans ; en 2022, cette proportion est passée à 22 %, une progression lente mais réelle. Quant aux jeunes générations, elles osent de plus en plus. Leur part augmente régulièrement depuis cinq ans, portée par le statut de micro-entrepreneur et la banalisation de l’entrepreneuriat comme premier choix professionnel. Pour beaucoup d’entre eux, créer son activité n’est plus une alternative mais une première orientation de carrière, motivée par l’envie d’indépendance et la recherche de sens.Le statut de micro-entrepreneur, plus souple et moins risqué, leur permet d’ailleurs d’expérimenter, de tester une idée ou de lancer une activité complémentaire avant un véritable développement. Handicap, indépendance et passage à l’acte En 2024, 9 % des porteurs de projets accompagnés par BGE Champagne-Ardenne sont en situation de handicap. Un chiffre stable mais encore faible, qui interroge. Accessibilité, financement, santé ou méconnaissance des dispositifs spécifiques peuvent en être des leviers d’explication. Globalement, tous profils confondus, le passage à l’acte (immatriculation) est davantage observé lorsque la motivation première est un fort désir d’indépendance. La volonté de « se mettre à son compte » demeure un puissant moteur, plus encore que la recherche de rentabilité. Et ensuite ? Au-delà de la question de la parité, 33 % des personnes accompagnées au sein de BGE passent à l’acte et s’immatriculent, 42 % diffèrent leur décision et 25 % renoncent à leur projet. Ces chiffres rappellent que créer son entreprise n’est pas une évidence, mais un chemin. Accompagner, c’est permettre à chacun — quelle que soit sa situation — d’évaluer, de tester, d’ajuster avant de se lancer.Et parfois, renoncer, c’est aussi réussir, quand le projet n’est pas viable ou aligné avec les aspirations de la personne. En conclusion Loin des clichés, le portrait des porteurs de projets accompagnés par BGE Champagne-Ardenne est multiple et mouvant : des femmes majoritaires et engagées, des jeunes qui osent, des demandeurs d’emploi en reconversion, des seniors en quête de sens. Ce rapport d’activité nous rappelle qu’entreprendre, c’est avant tout une aventure humaine et qu’à travers l’accompagnement, BGE Champagne-Ardenne continue à faire vivre cette conviction : « Donner à chacun les moyens de construire sa vie par l’entrepreneuriat. »

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